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Bilan carbone de l’industrie : chiffres, méthode et leviers de décarbonation

L’industrie française occupe une place centrale dans l’économie nationale, mais elle reste l’un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES). En 2022, ses émissions représentaient près de 18 % du total national. Derrière ces chiffres se cache un double défi : réduire structurellement les émissions tout en adaptant les activités industrielles aux effets du changement climatique.

Le bilan carbone de l’industrie est l’outil clé pour mesurer, comprendre et agir. Il permet d’identifier les principaux postes émetteurs, de comparer les performances aux budgets carbone fixés par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et de mettre en œuvre des plans de transition. Cet article fait le point : état des lieux, méthode de calcul, leviers de réduction et perspectives.

Où en est l’industrie : état des lieux des émissions

Selon le Citepa, le secteur « industrie manufacturière et construction » a généré 71 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e) en 2022, soit 17,9 % du total national. Cela place l’industrie derrière les transports (131 MtCO2e) et l’agriculture (74 MtCO2e).

Certaines émissions liées à l’activité industrielle sont comptabilisées ailleurs : transport de marchandises, production centralisée d’électricité ou de chaleur, traitement des déchets. Le périmètre industriel strict est donc déjà une vision partielle, mais il reste indispensable pour cibler les actions de décarbonation.

Cartographie des sous-secteurs les plus émetteurs

Répartition des émissions de gaz 2022 Citepa.

L’industrie est loin d’être homogène. Chaque sous-secteur a ses procédés, ses sources d’énergie et donc ses enjeux propres. En 2022, la répartition des émissions industrielles était la suivante :

👉 Trois piliers concentrent près de 70 % des émissions : chimie, sidérurgie et matériaux de construction.

Respect des budgets carbone : où en sommes-nous ?

La SNBC-2 fixait un budget carbone de 74,7 MtCO2e/an pour l’industrie sur la période 2019-2023. Résultat : objectif respecté avec une moyenne de 72,5 MtCO2e.

Mais attention : la baisse récente s’explique en partie par des facteurs conjoncturels (ralentissement de la production, prix élevés de l’énergie). La trajectoire réelle reste fragile.

La SNBC-3 en préparation abaisse fortement le cap : 45 MtCO2e en 2030. Cela implique une réduction structurelle et non plus conjoncturelle, avec un effort supplémentaire de 10 MtCO2e par rapport aux objectifs actuels.

Qu’est-ce qu’un bilan carbone industriel ?

Le bilan carbone est un inventaire des émissions de GES directes et indirectes, exprimées en CO2e.

Les périmètres :

Les gaz pris en compte :

Les méthodes reconnues :

Comment calculer un bilan carbone industriel ?

Le calcul s’appuie sur deux types de facteurs d’émission :

Les facteurs physiques sont plus précis, les facteurs monétaires plus pratiques lorsque la donnée est indisponible.

La démarche type d’un bilan carbone industriel

Un bilan carbone efficace suit un processus en 7 étapes :

  1. Définition de la gouvernance et des objectifs.
  2. Délimitation des périmètres organisationnel, opérationnel et temporel.
  3. Mobilisation des parties prenantes.
  4. Collecte et consolidation des données.
  5. Calcul des émissions et analyse des résultats.
  6. Élaboration d’un plan de transition.
  7. Restitution et suivi régulier.

L’ADEME propose des guides sectoriels (chimie, granulats, agroalimentaire) pour adapter la méthodologie.

Leviers transversaux de réduction : agir sur l’énergie et les procédés

a) Efficacité énergétique

b) Électrification et chaleur renouvelable

Leviers de rupture technologique

Hydrogène décarboné

Produit par électrolyse de l’eau avec électricité bas-carbone, il peut remplacer le charbon dans la sidérurgie ou servir de matière première en chimie. La France prévoit 9 milliards d’euros d’investissements via France 2030.

CCUS (Capture, Utilisation et Stockage du CO2)

Procédés ciment/béton

Économie circulaire et substitution des matières

Ces leviers s’appliquent sur toute la chaîne de valeur : achats, production, logistique et fin de vie.

Sobriété énergétique et de production

Au-delà de l’efficacité, la sobriété vise à réduire directement la production d’énergie et de matières.

Le scénario « Génération frugale » de l’ADEME montre que sobriété et économie circulaire peuvent compenser la baisse de production par le développement du réemploi, de la réparation et du recyclage

Suivi et pilotage : du bilan à l’action

Un bilan carbone n’est pas une fin mais un point de départ. Les indicateurs à suivre :

Ce suivi est désormais renforcé par la CSRD européenne, qui impose un reporting extra-financier détaillé.

Cas d’usage par sous-secteur

Risques et limites

Conclusion : vers une industrie bas-carbone

Le bilan carbone de l’industrie est un outil de mesure, mais surtout un levier de transformation. Les chiffres montrent que la trajectoire est respectée, mais grâce à des circonstances conjoncturelles plus que structurelles.

L’avenir repose sur trois piliers :

En combinant ces leviers et en s’appuyant sur les budgets carbone de la SNBC, l’industrie peut tenir sa place dans l’objectif national de neutralité carbone à horizon 2050.

Sources :

Sources françaises institutionnelles

Sources internationales

Sources sectorielles utiles

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